Le 13 octobre, l’Association Paroles organise, en collaboration avec la Scène Libre de l’Art des Mots, une rencontre Slam et contes qui pourrait ressembler à une soirée en deux parties. Chacun son jardin, venez jouer chez moi et je viendrai chez vous.
Que ce soit en contant des histoires d’un autre temps (vraiment ?) ou en inventant une parole neuve (vraiment ?), les conteurs et les conteuses, les slameuses et les slameurs ont en commun cette parole libre mais engagée. Oui, osons le terme. L’engagement. Ce n’est pas défendre d’un bloc une idéologie, mais par la prise de parole, il s’agit de transcrire un regard posé sur le monde. Si, d’un point de vue général, nous ne prêchons pas, nous parlons bien d’un point de vue particulier : ici et maintenant. Et prendre le temps de le faire, c’est déjà un engagement ; une implication.
Le matériau n’est peut-être pas officiellement le même. Le conteur puise dans l’imaginaire appartenant à la conscience collective pour parler avec une teinte personnelle, tandis que le slameur part de sa teinte pour s’inscrire dans le collectif, mais nous travaillons des terres communes. Celles où la parole se cultive, celles où l’on sait qu’elle a un temps. Bien sûr, nous cultivons nos lopins de terre un peu à la fraîche, dans une civilisation occidentale qui est bien la première à promouvoir la vitesse comme un mieux. Pourquoi prendre le temps d’expliquer, de déplier lorsqu’un slogan, cri de troupe ralliant les foules, frappe bien plus fort ? C’est peut-être parce que savoir qui nous sommes est une question bien vaste, suscitant de nombreuses pensées et réflexions que l’on ne pourra jamais mettre dans un manuel de développement personnel, ni sur une affiche publicitaire. Et puis il y a le plaisir, le jeu avec la langue, l’amusement de raconter des histoires ou de les écouter. Et ce jeu, espiègle, lunaire ou virevoltant, nous aimons le jouer avec le sérieux des enfants.
Bernt Frenkel (et Association Paroles)